de Mariette Navarro, mise en scène Bérangère Vantusso
création : Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes, Charleville-Mézières, septembre 2019
crédit photo : Ivan Boccara
Mais qui est donc Carcasse, figure aussi fragile qu’obstinée, dont on ne peut savoir s’il est homme ou femme et qui se tient debout sur un seuil, dont on ne sait rien sauf qu’il voudrait le franchir et qu’il ne sait ni pourquoi ni comment le faire ?
Curieuse figure vide et trouée, au nom improbable et sans fonction, mais qui vit intensément l’expérience de l’immobilité, bloquée sur le seuil de son époque. C’est comme s’il n’existait pas encore tout à fait et pourtant, comme on dit, il se pose là, trouble, dérange, fait obstacle.
Autour de lui, Plusieurs aussi sont là et plissent les yeux, cherchant à reconnaître une position rassurante chez cet autre qui ne sait pas être comme eux. Alors une chose est sûre, Carcasse nous ressemble étrangement, qui cherche maladroitement une présence au monde, avide d’humanité dans sa demande incertaine et naïve. Alors une chose est sure, Plusieurs nous ressemble étrangement, qui peine à prendre l’autre comme il est, à aller vers lui sans jugement, sans peur, sans défiance, sans vouloir qu’il soit à l’avance un être déterminé.
Avec humour, par traits incisifs et mouvements successifs, Mariette Navarro peint ici un rejeton du Plume de Michaux aux prises avec le monde, avec les autres, avec l’époque : Carcasse voudrait être contre, mais doit faire avec.
Et si cette embarrassante contradiction était, pour Carcasse comme pour nous, le seuil à franchir ?
Bien que Carcasse soit immobile, le texte de Mariette m'est apparu comme une immense épopée. Un long voyage périlleux, épique, que fait le personnage en lui-même. Avec Bérangère, et en complicité avec les créateurs son et lumière, nous avons cherché à travailler un espace de sensation, où nous pourrions nous sentir EN Carcasse ou autour de lui. Dans ce voyage intérieur, les illustrations médiacles de Nicolas Henri Jacob (19e siècle) ont été une source d'inspiration dans le choix des textures et des couleurs. A l'avant scène, un grand tulle rouge, tendu comme une peau, protège les comédiens, comme une enveloppe rassurante, nous brouille un peu la vue, pour mieux mettre à nu la scène, et Carcasse, quand la cruauté du monde se fait sentir. Les comédiens nous fonr voyager dans le texte comme dans cet espace étrange, composé de voiles et de bâtons, un espace à construire, déconstruire, explorer, réparer, malmener, observer ou mettre en mouvement...
texte Mariette Navarro (Cheyne Editeur)
mise en scène Bérangère Vantusso
avec
Boris Alestchenkoff
Guillaume Gilliet
Christophe Hanon
Sophie Rodrigues
Stéphanie Pasquet
dramaturgie Nicolas Doutey
collaboration animation Philippe Rodriguez-Jorda
scénographie Cerise Guyon
costumes Sara Barteseghi-Gallo et Simona Grassano
création sonore Géraldine Foucault
lumière Florian Jacob
assistanat à la mise en scène Laura Fédida
régie générale Philippe Hariga
régie son Vincent Petruzzellis
Conseiller technique Haut+court - Didier Alexandre
Production et diffusion Anaïs Arnaud
production Compagnie trois-six-trente
coproduction Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN, Studio-Théâtre de Vitry, NEST-CDN de Thionville-Lorraine, Théâtre du Nord CDN Lille-Tourcoing, Festival Mondial des Arts de la Marionnettes de Charleville-Mézières, Le Manège – scène nationale de Reims avec le soutien de de la SPEDIDAM et du Théâtre Jean Arp, Théâtre Jean Arp - Clamart, scène territoriale pour la marionnette et le théâtre d’objet, de l’Institut International de la Marionnette dans le cadre de son dispositif d’aide à l’insertion professionnelle des diplômés de l’ESNAM, et de l'ADAMI / La compagnie trois-six-trente est conventionnée avec la DRAC GRAND EST et le Conseil Régional GRAND EST
La compagnie trois-six-trente a été accueillie en résidence d’écriture au Monastère de Saorge dans le cadre de l’opération « Monuments en mouvement » du Centre des monuments nationaux
» (…) double richesse du fond et de la forme, des comédien(ne)s manipulateurs extrêmement talentueux » (…) Cristina Marino / Le Monde.fr
les cinq interprètes, tous formidables, opèrent un travail choral (…) et nous font penser à des clowns felliniens (…) dont l’énergie est contagieuse. » Chantal Boiron / UBU scènes d’Europe
« (…) Les interprètes, récitants à la fois, danseurs ou marionnettistes, portent ensemble (…) de manière polyphonique, la figure invisible d’une image dont la poésie résonne. » Véronique Hotte / Hottello.fr
« (…) Certains spectateurs sont happés, subjugués, (…) emportés par la beauté du geste, la précision des mouvements. » Olivier Frégaville Gratian d’Amore / L’Oeil d’Olivier
« (…) Une mise en scène d’une rare élégance, fluide, dynamique, d’une certaine folie douce aussi, riche de mille détails et trouvailles qui épousent la fable et ajoute à sa poésie, son humour (…) une vertigineuse emmerdions dans un poème qu’il nous est donné également d’écrire. » Denis Sanglard / Un fauteuil pour l’orchestre
« (…) un spectacle beau, stimulant par sa forme, puissant dans le fond, que toute personne un tant soit peu curieuse devrait pouvoir découvrir. » Mathieu Dochterman / Toutelaculture
« (…) Il y a une magie dans ce moment de haut théâtre et de poésie profonde. A voir absolument. » Armelle Héliot